Dylan Cote

ANTRELA

ANTRELA

FRAGMENTS

EMET

LES DELIVRES

FRAMED EARTH

GOLEMS

EARTHSATZ

ÉCOSYSTÈME

FLUENCE

DAX J

MLM AV SET

16H07

SYMBIOSPACE

DEEP PLANET

OPSIOMASQUES

TEAHUPO

ZEROLEX

EXPAND

DÉVISAGER

Antrela est un live audiovisuel solo. La performance allie image 3D et musique électronique live de manière minutieusement synchronisée afin de proposer une narration divagante, un voyage halluciné au sein d’un univers obscur et énigmatique.

Des géants d’acier, composés de lignes enchevêtrées, s’arrachent du sol. Ces pylônes, vestiges grandioses, se dressent là où rien ne subsiste mis à part quelques machines dont le clignotement des LED semble indiquer une certaine forme d’activité. Une caméra déroule le fil de cet univers apocalyptique en suivant les câbles qui le saturent jusque dans ses entrailles. Elle s’enfonce dans l’intimité du monde et découvre un data center, fait de métal et de chair, qui s’intrique dans le réseau. Entre temps, des images d’une mémoire fictive émergent de l’écran. Antrela propose un voyage au travers de tableaux de paysages clair-obscurs composés de scans et de modélisations 3D révélés par des lumières mouvantes. Plongées dans une atmosphère brumeuse, les textures et les formes se mélangent tandis que la fiction, générée par IA, s’invite dans l’image documentaire. Une musique sombre et mentale structure, découpe et amplifie les images projetées.

De profondes basses sont guidées par de lourdes rythmiques tandis que des nappes électroniques aux textures distordues se mêlent à des éléments de sound-design tranchants. Ces compositions allient des sonorités ambiantes et expérimentales à des influences naviguant entre techno et bass music, invitant le spectateur à une forme de contemplation frénétique.

Totems de la modernité, les pylônes sont le support d’une infrastructure complexe incarnée par des kilomètres de câbles tissant un réseau titanesque. Probables ruines futures, et donc témoins du monde présent, ces objets techniques aux nombreuses formes mystérieuses inspirent une fascination esthétique indéniable. Leur aspect et leur gigantisme évoquent également une forme d’autorité, un marqueur de puissance de la civilisation. Leurs caractéristiques visuelles appuient la rupture occidentale imaginaire entre l’humain et son environnement. Ils s’affirment, au milieu des plaines et des arbres et brandissent leurs lignes d’acier acérées composants des formes géométriques monumentales propres aux productions artificielles.

En suivant une boucle qui relie data center et pylône électrique, Antrela s’attache à dessiner l’un des continuum infrastructurels caractéristiques de notre époque, faisant le pont entre réseaux électriques et digitaux. L’un est piloté numériquement, l’autre alimenté en électricité. Ils sont donc indissociables comme le met en exergue Fanny Lopez dans son essaie À bout de flux (2022, éditions Divergentes). Souligner cette interdépendance, c’est mettre le doigt sur la matérialité des réseaux au travers de deux éléments antagonistes : le pylône et le data center. Le premier est gigantesque et s’impose à nous où que nous soyons, tandis que le deuxième est caché sous terre à l’abri des regards. Antrela imagine la connexion entre ces deux objets et fait du pylône la forme la plus visible des matérialités numériques. Il ouvre vers la question de notre dépendance croissante à ces réseaux, à notre propre entrelacement à ces derniers, et à leur expansion sans fin dans le contexte de crise écologique et énergétique que nous connaissons.